La problématique de la liberté de religion musulmane en droits de l’homme

Souleymane S. COULIBALY, Lassina Y. DIARRA & Oumar BOLY
Université des Sciences Juridiques et Politiques de Bamako (USJPB). E-mail : soulby0217@yahoo.fr / lassinaydiarra@gmail.com / bolli10@yahoo.fr

Résume :
Le système juridique des Etats de droit musulman est composé de règles et de principes hétérogènes. Certaines règles sont inspirées par le droit occidental et d’autres sont fondées sur le droit musulman classique. Le processus de codification qui a touché l’Empire ottoman au XIXème siècle influence tous les Etats de droit musulman à sa dislocation.
La liberté de religion et son corollaire, le principe de non-discrimination religieuse, ont acquis une valeur constitutionnelle dans la majorité des Etats de droit musulman. Les constituants ont inscrit soit le principe de la liberté de religion, soit le principe d’égalité basée entre autres sur la religion, soit les deux, dans la norme suprême. A l’exception de l’Arabie Saoudite, du Maroc, de la Libye et de la Mauritanie, la liberté de religion est affirmée dans les Etats de droit musulman. Toutefois, le privilège constitutionnel accordé à l’islam consacré soit comme source de législation, soit comme religion d’Etat, annihile les conséquences de la consécration constitutionnelle de la liberté de religion. Les légitimités charismatique et traditionnelle, fondées sur l’islam, dont se sont prévalues les hommes d’Etats ont empêché les processus de constitutionnalisation et de sécularisation d’aboutir.
Le droit musulman reste un système de référence pour le juge et le législateur. Ainsi, bien que le droit positif soit fondé sur des législations inspirées du droit occidental (essentiellement français, belge ou suisse), l’islam sert de référence pour déterminer ce qui est licite ou illicite.
Mots clés : Liberté – religion – musulmane – droits de l’homme.

Abstract :
The legal system of Muslim states is made up of heterogeneous rules and principles. Some rules are inspired by Western law and others are based on classic Muslim law. The codification process which affected the Ottoman Empire in the 19th century influenced all states under Muslim law to its dislocation.
Freedom of religion, and its corollary the principle of religious non-discrimination, have acquired constitutional value in the majority of states governed by Islamic law. The constituents have inscribed either the principle of freedom of religion, or the principle of equality based among other things like religion, or both of these, in the supreme norm. Except in Saudi Arabia, Morocco, Libya and Mauritania, freedom of religion is affirmed in Muslim law States. However, the constitutional privilege granted to Islam consecrated either as a source of legislation or as a State religion, annihilates the consequences of the constitutional consecration of freedom of religion. The charismatic and traditional legitimacies, based on Islam, which statesmen have availed themselves of, have prevented the processes of constitutionalization and secularization from succeeding.
Muslim law remains a system of reference for the judge and the legislator. Thus, although positive law is based on legislation inspired by Western law (essentially French, Belgian or Swiss), Islam serves as a reference to determine what is lawful or unlawful.
Keywords: Freedom – religion – Muslim – human rights.

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